LA COmmission de la condition des femmes (csw), un évènement décisif pour les enjeux de genre 

La Commission de la condition des femmes (CSW) est le principal organe onusien de décision intergouvernementale mondial exclusivement dédié à la promotion de l’égalité de genre et de l’autonomisation des femmes. Sa session annuelle représente un événement capital pour le droits des femmes, rassemblant l’ensemble des Etats membres de l’ONU devant rendre compte publiquement des avancées qu’ils ont mené en la matière. Pendant deux semaines, les Etats membres évaluent les progrès accomplis, identifient les points de blocage et élaborent de nouvelles normes et politiques mondiales pour y remédier. 

Ces négociations aboutissent à des “conclusions agréées” incluses dans un document final visant à mobiliser les gouvernements et d'autres parties prenantes, y compris le système des Nations Unies, les institutions nationales des droits humains, la société civile, le secteur privé, etc. Au sein de ce document final, les Etats membres se mettent d’accord sur les engagements pour les droits des femmes qu’ils vont devoir respecter. Les “conclusions agréées” sont approuvées de manière consensuelle par tous les États membres, sans qu'il soit nécessaire de procéder à un vote, ce qui souligne l'importance des négociations, des amendements et des compromis.

La soixante-huitième session de la Commission de la condition des femmes s’est tenue du 11 au 22 mars 2024. Elle avait pour thème prioritaire « Accélérer la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles en s’attaquant à la pauvreté et en renforçant les institutions et le financement dans une perspective d’égalité entre les hommes et les femmes ». Le Planning familial était présent aux côtés de ses partenaires à cette occasion. 

L'INSCRIPTION DE LA LIBERTé garantie à recourir à l'ivg dans la constitution : une victoire à partager à l'international 

Depuis plusieurs années, le Planning familial s’investit également à l’international pour défendre les droits en matière de santé sexuels et reproductifs (DSSR). Fort de cet engagement, depuis 2012, le Planning fait partie de la délégation française participant à la CSW. Faisant suite à l’inscription de l’IVG dans la Constitution, le Planning a partagé les messages suivants lors de ses rencontres avec plusieurs responsables politiques

  • rappeler l’importance de la collaboration entre société civile et parlementaires en France

     

    partager les prochaines actions liées à la diplomatie féministe française à mettre en place au niveau européen et international

     

    réaffirmer la nécessité d’appliquer l’éducation complète à la sexualité  de manière effective et réelle en France comme à l’international 

     

    souligner l’environnement de plus en plus hostile, dans lequel le Planning familial évolue, marqué par des attaques à répétition des mouvements anti-choix et les coupes budgétaires qui complexifient notre  travail

Outre l'espace de plaidoyer au niveau national et international qu’il représente, cet événement marque l'engagement du Planning familial à établir des liens de solidarité féministe à l'échelle mondiale, en collaboration avec des associations féministes et des gouvernements du monde entier.

C’est en ce sens que le Planning familial, en collaboration avec la Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes de l’Assemblée nationale, a co-organisé un événement parallèle s’intitulant 

“De la sensibilisation à l'accès aux droits : l'action commune de la société civile et des parlementaires”. 

De gauche à droite ; Noémie Gardais (chargée de plaidoyer international du Planning familial), Mélanie Vogel (sénatrice Europe Ecologie Les Verts), Sarah Durocher (présidente du Planning familial), Véronique Riotton (députée Renaissance Présidente de la Délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes), Beth Schlachter (Interim Director of Global Advocacy and U.S. Representative de l’International Planned Parenthood Federation, IPPF), Andréanne Larouche (députée canadienne), Guillaume Gouffier Valente (de dos, député Renaissance vice-président de la Délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes), Aurore Bergé (Ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)


Réunissant député.es, sénateur.ices français.es et étranger.es, la société civile et Aurore Bergé, Ministre déléguée en charge de l’Egalité entre les femme et les hommes, cette table ronde a mis en exergue les bonnes pratiques de collaboration afin de fédérer les parlementaires de manière transpartisane. Cela a été l’occasion de mettre en lumière les réussites ainsi que les enjeux qu’ils restent autour de deux sujets principaux : le travail autour de la constitutionnalisation du droit à l’IVG et autour de l’éducation complète à la sexualité. Cet évènement a rencontré un franc succès avec plus de 80 participant.es !

CSW68 : UN ACCORD DE LONGUE HALEINE SUR LE FINANCEMENT SENSIBLE AU GENRE ET L'ACTION COLLECTIVE 

Les négociations autour de la thématique de cette année ont été ardues principalement autour des enjeux de droits et santé sexuels et reproductifs qui ont encore connu de nombreuses demandes de retour en arrière. En termes de langage, aucune avancée n’a été obtenue mais aucun recul n’est cependant à signaler : le langage agréé autour de “violence basée sur le genre” et “santé sexuelle et reproductive” font toujours partie du texte.

Malgré l'environnement difficile pour les droits et santé sexuels et reproductifs pendant les négociations, nous saluons les recommandations qui ont été intégrées dans le texte, telles que l'augmentation des investissements dans les technologies de la santé, en particulier la santé numérique et dans les financements pour les organisations féministes, la réduction des dépenses personnelles, et la reconnaissance des droits des femmes à avoir le contrôle et à décider librement et de manière responsable de toutes les questions liées à leur sexualité, y compris la santé sexuelle et reproductive. Nous regrettons toutefois vivement que les questions fondamentales liées à la protection des droits humains des personnes LGBTQIA+ n'aient pas été prises en compte dans le texte.

RENFOrcer les droits et santé sexuels et reproductifs (dssr) dans un contexte toujours plus hostile ! 

La CSW a été particulièrement marquée par la présence en force de mouvements anti-choix qui sont toujours plus organisés et mobilisent des ressources exponentielles pour influencer les politiques au-delà des frontières nationales. En ce qu’elle réunit ministres, hauts responsables de gouvernements, représentant.es de la société civile au siège des Nations Unies, la CSW est un lieu privilégié par les anti-choix pour faire passer leurs messages rétrogrades et conservateurs.  Malgré leurs discours anti-féministe allant à l’encontre des objectifs prévus par la Commission, nous constatons que ces mouvements ont une place dans les programmes officiels et parallèles de la Commission. C’est notamment le cas de C-FAM, le Saint-Siège, ADF International… Le Planning familial, aux côtés d’autres organisations féministes, est préocuppé et alerte quant aux techniques d’obstructions et d’intimidations utilisées durant la CSW par ces organisations.

ET APRès ? des engagements qui ne doivent pas rester lettre morte

Les engagements pris par les Etats-membres ne doivent pas rester des politiques de statu-quo. Face à l’accaparement progressif des espaces intergouvernementaux par des acteurs ultraconservateurs, il est désormais plus qu’impératif d’aller chercher de nouvelles victoires en matière de reconnaissance des DSSR. C’est la raison pour laquelle le Planning familial sera présent lors de la 57e Conférence sur la Population et le Développement (CPD) qui se tiendra du 28 au 3 mai à New York et sonnera les 30 ans de la Conférence du Caire (1994).

 

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