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L’orientation professionnelle, les renoncements de carrière ou de congé parental, le temps passé avec sa famille, le niveau de vie, sont encore largement influencés par le sexe des individus. Ces inégalités persistantes pénalisent les femmes et les hommes, dans leur vie personnelle, familiale et professionnelle.

Pour faire de l’égalité une réalité, il faut désormais agir sur les représentations. C’est là que le genre entre en jeu. De la même manière que la lutte contre le racisme passe non seulement par la loi mais aussi par l’éducation, les discriminations et les inégalités basées sur le sexe doivent être combattues dès la petite enfance. En tant que premiers lieux d’éducation, les familles et l’école ont un rôle à jouer. L’école, qui rassemble des enfants issus de milieux sociaux, économiques et culturels divers, est et doit rester un vecteur privilégié d’apprentissage de cette égalité pour toutes et tous. Parce que les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain.

Le genre, qu'est-ce que c'est ?

Le genre est un mot qui nous vient de l’anglais (gender). C’est un outil d’analyse autour duquel est né un champ d’études : les études de genre (gender studies).

On parle de genre quand on s’intéresse aux rapports sociaux entre les sexes. Le genre désigne tous les rôles, comportements et représentations qu’une société associe aux hommes et aux femmes, au « masculin » et au « féminin ». C’est un système qui s’apprend dès la petite enfance : on apprend aux petits garçons à prendre des risques et à ne pas pleurer alors que les filles doivent bien se tenir et sont encouragées à exprimer leurs émotions. À l’instar du système de « classes », cette différenciation produit une identité (l’identité masculine ou féminine) et des rapports hiérarchiques (les inégalités femmes-hommes).

Les études de genre s’intéressent à la façon dont ce système de représentations est construit, au sens qu’il a socialement et à la manière dont il nourrit les inégalités.

Que fait-on quand on parle de genre ?

  • on étudie les rapports sociaux entre les femmes et les hommes ;

Exemple
La répartition des tâches domestiques et le partage des responsabilités parentales.

  • on interroge les rôles, les comportements, les activités et attributs qu’une société associe au « masculin » et au « féminin » ;

Exemple
Pourquoi les femmes s’occupent-elles plus des tâches familiales et domestiques ? Pourquoi sont-elles perçues comme étant plus « douces », plus « à l’écoute » des jeunes enfants ?

  • on comprend comment ces représentations favorisent certaines inégalités entre les sexes, dans tous les domaines de la vie : éducation, emploi, santé, autorité parentale, etc ;

Exemple
Parce que les femmes assument encore seules les tâches parentales dans la grande majorité des cas, la survenue d’une grossesse peut être perçue comme un frein dans leur carrière, aussi bien par elles-mêmes que par leurs employeurs-es. Selon un sondage Ipsos, 24 % des femmes déclarent ainsi avoir fait l’objet de réactions négatives à l’annonce de leur grossesse sur leur lieu de travail (remarques culpabilisantes, refus d’augmentation, changement de poste...) [Source : Les femmes peuvent-elles vraiment tout avoir ?, Ipsos/Elle active !, 2013]

  •  on propose de nouvelles attitudes plus égalitaires.

Exemple
Favoriser le partage des tâches et valoriser l’investissement des pères dans la vie familiale.

Pourquoi parler de genre à l'Ecole ?

Pour favoriser l'égalité filles-garçons et une vraie liberté de choix

Parler de genre à l’Ecole permet de prendre conscience des stéréotypes sexistes et de « décortiquer » le monde, au-delà des apparences et des certitudes.

On donne une vraie liberté de choix aux élèves en leur faisant comprendre que le fait d’être une fille ou un garçon ne doit pas les empêcher de choisir et d’assumer leurs passions, leurs centres d’intérêt, leur orientation professionnelle….

Pour prévenir le sexisme et les violences

Parler de genre à l’école permet de prévenir le sexisme et les violences qui sont intimement liés aux représentations du « masculin » et du « féminin ».

Au nom de la « nature masculine » (virilité, agressivité, impulsivité, testostérone…), on banalise voire on légitime les violences contre les femmes, comme le harcèlement de rue ou la violence conjugale. En sensibilisant à l’importance du consentement et des rapports égalitaires, on peut prévenir ces comportements.

Pour les garçons aussi

De la même façon que les filles font l’objet de pressions dès la petite enfance pour se conformer au « modèle » féminin, les garçons sont incités très tôt à « assumer » leur masculinité et donc leur virilité. Pour eux aussi, ces représentations ont un coût. À l’adolescence, on constate par exemple plus de comportements à risque chez les garçons. [Source : Lutter contre les stéréotypes filles-garçons, Commissariat général à la stratégie et à la prospective, janvier 2014.]

Parler de genre, c’est :

  • transmettre une culture de l’égalité dès le plus jeune âge pour favoriser la parité dans la société ;
  • interroger les stéréotypes liés à la « féminité » et la « masculinité » pour promouvoir l’égalité salariale et le partage des tâches parentales ;
  • prévenir les propos sexistes pour combattre les discriminations et les violences.

Genre et éducation à la sexualité

Les animations d’éducation à la sexualité sont obligatoires à l’école depuis une loi de 2001, à raison de trois séances par an minimum, pour les élèves du CP à la Terminale. [Source : loi n°2001-588 du 4 juillet 2001, relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception].

L’éducation à la sexualité vise à :

  • la prévention des violences sexistes et homophobes ;
  • la prévention des IST/MST, du VIH et des grossesses non voulues ;
  • le développement de l’esprit critique, notamment par l’analyse des modèles et des rôles sociaux ;
  • la promotion d’attitudes de responsabilité individuelle et collective.

[Source : Circulaire n°2003-027 du 17-2-2003]

« L'éducation à la sexualité (…) doit ainsi permettre d'approcher, dans leur complexité et leur diversité, les situations vécues par les hommes et les femmes dans les relations interpersonnelles, familiales, sociales. » [Source : ibid.].

Les séances sont adaptées à chaque classe d’âge. La question du genre est transversale, elle doit être abordée à tous les niveaux. Que ce soit pour lutter contre les violences en primaire ou pour favoriser l’implication des garçons dans la contraception au collège, les rapports filles-garçons et la liberté de choix constituent le fil rouge de l’éducation à la sexualité.

En maternelle, on pourra par exemple parler des « rôles » des femmes et des hommes dans la société ou de la diversité des modèles familiaux. En primaire, on pourra parler de puberté, de différences anatomiques ou de rapport à soi et à l’autre. Au collège et au lycée, on pourra aborder des thèmes aussi variés que les rapports sexuels, le VIH ou les violences sexistes.

Ce texte vise à une meilleure compréhension du concept de genre, au-delà des controverses et des idées reçues. Il a vocation à être enrichi et mis à jour.

Illustration © Besse camillebesse.com

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