Une interview des conseillères du Planning Familial de l’Isère
Les administratrices et les salariées du PF38 ont choisi de se mobiliser en réaction à toute cette agitation autour de l’application de la loi Aubry du 4 juillet 2001 rendant obligatoire 3 séances d’éducation à la sexualité de l’école au lycée. Au Planning Familial de l’Isère ça fait des années que l’on intervient dans les établissements scolaires pour parler de la vie affective et sexuelle, à tous les âges, de la primaire au lycée. Alors on a demandé à nos équipes de conseillères de nous parler de ces séances : mais que s’y passe t-il ? que se dit-il ? comment ça se déroule ? et les enfants de quoi veulent-ils parler au fait ?

Le consentement et le respect : des notions clefs !
« L’idée c’est d’aborder les relations humaines, avoir conscience que notre corps nous appartient cela permet de comprendre que le corps des autres leur appartient. En travaillant sur la notion de consentement, on travaille nécessairement sur le respect de la volonté des autres, la coopération et le vivre ensemble ».

Dans un esprit d’éducation populaire
« Les premiers concernés ce sont les enfants, ces petites personnes avec des volontés propres, des questionnements, des idées, des envies et des craintes. Alors, c’est d’eux qu’on part pour construire nos séances car ce que l’on ne veut surtout pas c’est qu’elles soient « subies ». L’enfant est acteur et c’est à ses questions que l’on répond, en s’adaptant à son niveau de langage et à son âge. Jamais nous n’aborderions la sexualité de front avec une classe de primaire, en revanche si les enfants ont des questions, on y répond ! »

Et concrètement on parle de quoi et ça se déroule comment ?
« On intervient dans des petits groupes (une vingtaine d’enfants max) pour faciliter la parole, à deux conseillères, si cela est possible, et avec l’insituteur-trice.

Les thématiques abordées avec les primaires (CP-CM2) :
- L’estime de soi
- La confiance en soi
- Les émotions
- La capacité à dire oui ou non – expression du consentement
- La question du genre : c’est quoi être un garçon/fille ?
- La coopération/le vivre ensemble
- Les différentes parties du corps en s’adaptant à leur âge

Comment :
- On définit ensemble en début de séance les règles de la séance (comment prendre la parole, écouter les autres, exprimer un désaccord, etc.)
- On fait des petits jeux rituels de début et de fin de séance
- On se présente les un.es les autres avec des jeux (ex : j’aime, j’aime pas)
- On fait des scénettes ou des mimes (esprit théâtre-forum)
- On utilise le photo-langage (on part d’une photo pour décrire une situation, une émotion)
- On fait des lectures

En général plusieurs séances sont prévues (entre 3 et 6 séances d’une heure) par année, en fonction de l’établissement et de la demande formulée – entre septembre et juin (mais pour les CP on va plutôt commencer en janvier pour leur laisser le temps de s’adapter déjà au rythme scolaire). »

L’éducation à la vie affective et sexuelle doit être pensée comme un processus continu et non ponctuel !
« Si ces séances peuvent parfois être vécues comme dérangeantes par certain.es membres du groupe, c’est parce que la loi actuelle (quand elle est appliquée) propose 3 séances ponctuelles au lieu d’un accompagnement continu permettant une progression et une meilleure compréhension de ce qu’est le vivre ensemble, la coopération et le consentement.

Partant de ce constat, le Planning Familial de l’Isère a développé, en sus de ses séances d’éducation à la vie affective et sexuelle ponctuelles, une formation au Programme de Développement Affectif et Social : le PRODAS. Ce programme, destiné aux professionnel.les de l’éducation, de la petite enfance, des secteurs médicaux sociaux, et de l’animation, a pour objectif de permettre le développement des compétences psychosociales (compétences émotionnelles, cognitives et relationnelles) chez les enfants. Il s’agit d’un accompagnement des enseignants (4 jours de formation) couplées à des séances avec les enfants (15 séances dans l’année).

L’éducation à la vie affective et sexuelle, exercée en lien étroit avec les enseignants, vise à atteindre un état complet de bien physique, mental et social, qui d’ailleurs sont des notions clés de la prévention selon l’OMS. Elle permet ainsi de mieux faire face aux aléas de la vie. »

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