Ce cri du cœur scandé par des femmes séropositives n’a aucune dimension victimaire, ce cri fait la synthèse des inégalités subies par les femmes séropositives face aux hommes séropositifs. Ce n’est d’ailleurs pas un simple cri mais bel et bien un acte militant porté par des femmes concernées. Elles crient pour elles-mêmes et pour toutes les autres femmes séropositives, qui pour des raisons diverses n’ont pas pu prendre la parole publiquement.Le Planning lance la campagne #NousExistons dans le cadre de la Journée Internationale de Lutte contre le sida.

35 ans après la découverte des premiers cas du sida, les femmes demeurent très largement un impensé dans l’épidémie à VIH. Et pourtant elles représentent plus de la moitié des personnes vivant avec le virus dans le monde ! Oubliées des campagnes de prévention, absentes des recherches thérapeutiques, culpabilisées voire rejetées lorsqu’elles découvrent la maladie, les femmes doivent à la fois faire face à des facteurs de vulnérabilité spécifiques et à un vécu bien souvent caractérisé par le secret.

Les femmes vivant avec le VIH sont encore nombreuses à subir le cercle vicieux de la discrimination, de l’isolement et de l’invisibilité. Il ne faut pas oublier que l'infection à VIH n'est pas une maladie comme les autres et ne le sera jamais, même si on veut aujourd'hui la classer parmi les maladies chroniques classiques. Les enquêtes indiquent que les trois quarts des femmes séropositives n'ont pas eu de rapport sexuel depuis au moins trois ans. Leur isolement les empêche de vivre mais aussi de parler de leur expérience de la maladie.

Face à cet isolement, le Planning familial a pris la mesure du rôle qu'il devait jouer. Dans la prévention et la prise en charge, tout d’abord, en tenant compte contexte social relationnel dans lequel évoluent les femmes que nous rencontrons.  En effet, aujourd'hui encore, les inégalités entre les hommes et les femmes  ou des situations de précarité, en particulier chez les femmes migrantes d’Afrique sub-saharienne, sont autant des difficultés supplémentaires dans la prévention et dans la prise en charge médicale. Les violences dans le couple sont aussi un facteur qui augmente le risque de contamination des femmes est multiplié puisque, de fait, les femmes victimes de violences sont moins en mesure, par exemple, d'imposer l'utilisation du préservatif à leur partenaire. La question des inégalités doit donc s'inscrire au cœur de cette approche globale de prévention et de prise en charge des femmes.

Mais le Planning n’est pas qu’un lieu de prévention ou de soin. C’est aussi un lieu d’accompagnement et d’écoute. Il s’agit donc de proposer aux femmes séropositives un endroit vers lequel se tourner, où elles peuvent bénéficier de l'expérience des conseillères et des animatrices pour parler de sexualité, de vie relationnelle et affective, de contraception, d'avortement ou d'IST.

En tant que femmes séropositive, et coordinatrice du programme Femmes & sida au Planning, je me joins à toutes les femmes vivant avec le VIH pour demander de meilleures conditions pour que nous puissions exprimer nos désirs, nos difficultés, nos besoins, nos projets.

Devons-nous crier pour nous faire entendre ?

Catherine Kapusta-Palmer, Membre du bureau national du Planning Familial et Coordinatrice du programme Femmes & sida

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