En 2018, 38 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde, dont plus de la moitié sont des femmes. En France, on estime à 173.000 le nombre de personnes vivant avec le VIH, dont 35 % sont des femmes.

Face à l’invisibilité des femmes dans l’épidémie, le Planning Familial se mobilise sans relâche pour que leurs besoins spécifiques soient enfin reconnus :

En effet, les femmes sont encore largement absentes des recherches thérapeutiques :

Les maladies et les traitements ont des effets différents selon les organismes. Or la recherche médicale en générale et dans le cadre des essais thérapeutiques sur les antirétroviraux en particulier, se concentre majoritairement sur les hommes cis au détriment des femmes cis[i] et à fortiori des femmes trans complétement invisibilisées par ces études[ii]

Les femmes sont également les grandes oubliées des campagnes de prévention sur le VIH/Sida alors même qu’elles sont plus à risque d’être contaminées car l'inégal accès aux moyens de prévention, la précarité et les violences les exposent tout particulièrement au virus.

Parmi ces femmes vulnérables, les migrantes payent un lourd tribu à l’épidémie et l’on sait maintenant qu’une grande proportion des migrantes[iii] d’Afrique Sub-Saharienne se contaminent en France du fait d’une grande précarité administrative, professionnelle, sociale et médicale. Une fois sur le territoire français, le mal-logement pour certaines les amène à accepter des rapports sexuels non souhaités en échange d’un toit ou d’une aide matérielle, particulièrement dans les premières années d’arrivée sur le territoire français.

Quelles solutions d’hébergement et d’accompagnement sont prévues pour protéger ces femmes particulièrement exposées ?

Le Planning Familial de l’Isère s’est mobilisé en 2019 en lançant une campagne d’information sous forme d’affiches à destination des femmes ayant des relations sexuelles avec les femmes, intitulée ‘les IST/VIH, c’est pas qu’un truc d’hétéro !’. Notre objectif était de réclamer que les discours de prévention se centrent sur les pratiques et non pas sur l’orientation sexuelle car ce sont bien les pratiques qui peuvent être contaminantes.

Les femmes vivant avec le VIH sont nombreuses à subir le cercle vicieux de la discrimination et de l’isolement. Les enquêtes indiquent que les ¾ des femmes séropositives n'ont pas eu de rapport sexuel depuis au moins trois ans. Pour échapper à la discrimination, les femmes choisissent trop souvent de se taire, de se rendre invisibles, de faire comme si elles ne vivaient pas avec le VIH.

Face à cet isolement, le Planning familial de l’Isère s’inscrit dans une approche globale de prévention et de prise en charge des femmes. Les violences dans le couple sont, par exemple, un facteur qui augmente le risque  de  contamination  des  femmes, celles-ci étant moins en mesure d'imposer l'utilisation du préservatif à leur partenaire ou de refuser des rapports non consentis.

Mais le Planning n’est pas qu’un lieu de  prévention  ou  de  soin.  C’est  aussi  un  lieu vers lequel les femmes séropositives peuvent se tourner pour être accompagnées et écoutées par des conseillères expérimentées sur des questions de sexualité, de vie relationnelle et affective, de violence, de contraception, d'avortement ou d'infections sexuellement transmissibles etc…

Le Planning Familial de l’Isère estime également que les efforts des autorités publiques devraient urgemment être renforcés sur :

l’accès à des lieux de dépistage gratuit notamment sur le bassin grenoblois, le CEGIDD arrivant au maximum de ces capacités de prise en charge. Or nous savons que le meilleur gage d’enrayer la maladie, est de réduire les délais entre la prise de risque et le dépistage, le dépistage et le démarrage du traitement médicamenteux.

l’accès à des modes de contraception gratuits notamment pour les plus jeunes. En effet, Santé Publique France limite désormais le nombre de préservatifs externes/masculins distribués gratuitement chaque année. L’agence restreint également l’accès aux préservatifs gratuits uniquement aux associations en lien avec les migrant.e.s, les HsH ainsi que les personnes en situation de prostitution/travailleuses du sexe.

Comment inciter les jeunes collégien.nes et lycéen.nes à se protéger si l’on ne met plus à leur disposition des préservatifs gratuits à l’infirmerie ou dans les associations identifiées telles que le Planning Familial?

Qui peut sincèrement croire que des jeunes vont s’adresser à leur médecin traitant pour se faire prescrire des préservatifs désormais remboursés par la Sécurité sociale (depuis décembre 2018)?

l’accès à des séances d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle pour les plus jeunes. Les données épidémiologiques montrent en effet que 13% des nouvelles contaminations en 2018 concernait les jeunes de 15-24 ans. Nos conseillères constatent également sur le terrain, que nombre de jeunes ont des idées fausses quant aux conséquences de la maladie, son traitement, ses modes de transmissions etc.

Comment effectuer ce travail de prévention et de sensibilisation avec des moyens financiers constamment diminués (voir l’annonce de réduction de 60% sur 10 ans des subventions étatiques attribuées au Planning Familial de l’Isère)?

Et enfin il n’y a pas que le sida : les IST (infections sexuellement transmissibles) fragilisent aussi les muqueuses, ce qui augmente le risque de contamination par le VIH/sida. Or le nombre de cas d'IST augmente ces dernières années, et les plus touchées sont les jeunes femmes âgées entre 15 et 24 ans. Pourtant, le dépistage est loin d’être systématique en cas de rapport non protégé, et donc à risque... faute de moyens suffisants alloués au travail de prévention et d’information effectué, entre autres, par les équipes du Planning Familial de l’Isère.

 

Contacts Presse 

Tel: 04 76 87 89 24

M. Wendenbaum - secretariat@leplanningfamilial38.org  

P. Coiffard - p.coiffard@leplanningfamilial38.org

 

[i] Collectif Femmes et VIH, Les femmes et le VIH : pour une approche genrée de l’épidémie, 2013 : « si plus de 50 % des personnes vivant avec le VIH sont des femmes, elles ne pèsent que 15 à 20 % dans la recherche, en particulier dans les essais thérapeutiques. »

[iii] Enquête PARCOURS : « 30 à 50% des séroconversions des femmes et hommes migrant.e.s pourraient avoir eu lieu en France, et non dans leur pays d’origine. »

 

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