Le Planning 69 a été l’un des premiers centres de planification, avec ceux de Seine-St Denis, à proposer des IVG médicamenteuses dans ses locaux.


La mifépristone qui permet des avortements par voie médicamenteuse a toute une Histoire. Connue d’abord sous le nom de RU-486, cette molécule mise au point dès 1982 pour réaliser des avortements a en effet connu de nombreuses péripéties avant de pouvoir être commercialisée. En effet, les opposant-e-s à l’IVG ont tout de suite vu dans cette nouvelle méthode un accès facilité à l’avortement et ont menacé d’un boycott international le laboratoire Roussel-Uclaf qui l’avait créée.  En France, il faut la pression du ministre de la Santé pour obtenir sa commercialisation en 1988. L’IVG médicamenteuse est autorisée en hôpital à partir de 1990, mais en 1997 une nouvelle menace pèse sur la disponibilité de la molécule : le laboratoire, toujours ciblé par les anti-IVG, décide d’abandonner sa production. Il finit par céder ses droits au co-découvreur de la molécule, qui crée une société pour poursuivre sa production et sa commercialisation.


Cette méthode est d’abord réservée au milieu hospitalier, pour des délais inférieurs à 7 SA (semaines d’aménorrhée). Plusieurs études vont ensuite montrer qu’une hospitalisation pourrait être évitée, et que la perspective d’un avortement « à domicile » convient à une partie des personnes concernées. En 2001, la loi Aubry prévoit la possibilité d’IVG médicamenteuses en médecine de ville. Les décrets d’application paraissent seulement 3 ans plus tard…  Les généralistes et gynécologues peuvent, sous certaines conditions, les proposer dans leur cabinet, mais les CPEF (Centres de Planification et d’Education Familiale) ne sont pas mentionnés !


Pourtant, comme le mentionne cet extrait d’archive, les centres de planification avaient toutes les bonnes raisons pour être inclus dans ce dispositif : présence de médecins au sein d’une équipe pluridisciplinaire, pratique déjà ancienne de l’accompagnement en matière d’IVG, prise en charge globale des personnes (écoute, suivi gynéco, contraception, aspect social…). Dès 2004, le Planning 69 décide de s’engager de cette pratique afin de faire évoluer la loi. La démarche va mettre plusieurs années à aboutir, car il fallait se former, intégrer une nouvelle activité à une organisation déjà bien chargée, et obtenir l’accord d’un hôpital référent. C’est finalement l’Hôpital Femme-Mère-Enfant (HFME) qui va signer une convention avec le Planning, à titre expérimental puisque non prévu par la loi. Après une formation en interne, l’ensemble des médecins, des conseillères, des assistantes sociales vont passer plusieurs jours dans le service des IVG de l’HFME pour se former à la pratique des IVG médicamenteuses.


L’activité démarre en 2007. Elle s’accompagne d’une évaluation sur « le vécu des femmes » reçues, avec des questions sur les aspects médicaux (explications, douleurs, saignements…) mais aussi sur l’accueil, sur le choix de la méthode… Outre l’objectif d’offrir une nouvelle possibilité d’avorter à Lyon, le Planning 69 souhaite montrer l’intérêt de pratiquer des IVG en centre de planification. Il va donc faire un travail de communication important sur son expérience : au sein du mouvement, lors de colloques médicaux… En 2009 notamment, il organise avec la fédération Rhône-Alpes du Planning Familial un colloque régional à destination des professionnel-les.


Le Planning Familial a contribué par son argumentaire à promouvoir l’IVG en CPEF, autorisée finalement en 2009. Cette nouvelle mission est inscrite dans les textes comme une possibilité et non comme une obligation, laissant toute latitude aux conseils départementaux de ne pas trop bouger sur le sujet ! Cette autorisation ne s’accompagne d’ailleurs d’aucun moyen supplémentaire. En 2021, le Planning Familial 69 est toujours le seul centre du Rhône à proposer des IVG médicamenteuses.

Document issu des archives : extrait d’un power-point sur l’expérience de l’IVG médicamenteuse au Planning Familial 69, colloque régional du MFPF-Rhône-Alpes, 2009.

Pour aller plus loin :

Philippe Faucher, Danielle Hassoun,, Interruption volontaire de grossesse médicamenteuse, Vuibert, 2018.


Danielle Hassoun, « Histoire de la légalisation de la contraception et de l’avortement en France » sur le site de l’ANCIC : http://www.ancic.asso.fr/spip.php?article3


 

 

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