L’égalité de genre est au cœur de l’actualité politique française et internationale depuis des années déjà, et pourtant les associations féministes voient toujours leurs revendications récupérées au service de l’image et au détriment de mesures véritablement transformatrices. Certaines avancées sont obtenues grâce à des années de lutte féministe qui ont mis à l’agenda des sujets essentiels pour l’émancipation de toutes et tous, mais elles ne suffisent pas.

Dès lors qu’il s’agit de prendre les décisions ou d’envisager un avenir plus ambitieux, les associations féministes ne sont ni entendues ni soutenues dans leurs actions. A titre d’exemple, les 10 recommandations du train pour l’égalité formulées à l’occasion des élections présidentielles par les plus grandes associations féministes de terrain en France n’ont pas été suivies de débats publics à la hauteur des enjeux. 

Acteur historique de la lutte pour la promotion des droits sexuels et de la liberté de disposer de son corps, de la lutte pour l’accès à l’avortement et à la contraception à la promotion de l’égalité de genre en passant par la lutte contre toute forme de violence et de discrimination, le Planning familial entend réaffirmer ses revendications prioritaires dans le cadre de ces élections législatives : 

  • L’inscription du droit à l’avortement dans la constitution française et la charte européenne des droits fondamentaux

Mener à terme une grossesse non désirée est une violence que rien ne justifie. 

Alors que le droit à l’avortement fait l'objet de virulentes attaques aux Etats-Unis et en Pologne, il est crucial que la France réaffirme au plus haut niveau ses valeurs et son attachement à l'égalité de genre et à la démocratie. C'est pourquoi nous demandons à ce que le droit à l’avortement soit inscrit dans la constitution française ainsi que dans la charte européenne des droits fondamentaux afin de s’assurer qu’il ne soit jamais remis en cause. 

  • La garantie d’un accès effectif et gratuit à la contraception et à l’avortement, sans discriminations ni distinction de nationalité ou de statut administratif

Une loi récente annonçait la prise en charge sans avance des frais de contraception pour les femmes de moins de 26 ans. Le Planning demande que cette mesure soit évaluée, que son effectivité soit garantie, et qu’elle soit étendue à toutes les méthodes contraceptives (y compris l’anneau vaginal, le patch contraceptif, les pilules de 3 et 4e génération, les préservatifs internes et externes, etc). De surcroît, nous rappelons que la contraception n’est pas une affaire réservée aux femmes, et que les politiques publiques doivent suivre les demandes grandissantes relatives à la contraception dite masculine ou testiculaire. 

Concernant l’avortement, alors que la loi du 2 mars 2022 allonge de 14 à 16 semaines d'aménorrhée les délais légaux pour recourir à l’IVG, la grande majorité des centres IVG déclarent encore ne pas pouvoir s’y conformer, à défaut de formation et de matériel, mais surtout d’anticipation et de volontarisme ! 

Les lois n’ont de sens que si elles sont appliquées. Les représentant.es de la Nation ont pour mission de contrôler l’action du gouvernement afin qu’elles ne restent pas de l’ordre de l’incantation.

  • L’augmentation du budget dédié à la prévention et à l’éducation aux questions de vie affective, relationnelle et sexuelle

L’éducation à la vie affective et sexuelle est une condition indispensable à la création d’une société égalitaire et à la promotion d’une vision positive de la sexualité. C’est aussi un formidable outil de prévention contre les grossesses non-désirées et les IST (infections sexuellement transmissibles) et de lutte contre les violences et les discriminations liées au genre, à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. Pourtant, la loi Aubry de 2001 prévoyant 3 séances par an pour tous les élèves n’est toujours pas appliquée. Avec 5.500 séances et près de 80.0000 élèves vus en 2021 (sans compter les 20.000 personnes rencontrées hors milieux scolaires), le Planning familial est un acteur incontournable de cette action. Une véritable volonté politique, et des budgets à la hauteur de cet enjeu, sont nécessaires pour l’application de cette loi.

Suite à la réforme de 2018 des EVARS[1], lieux d’information d’écoute et d’orientation sur les questions relatives à la sexualité, certains ont vu leur budget chuter. Insuffisamment connus du public, ils sont pourtant de véritables pierres angulaires de l’information sur les droits et la santé sexuelle, ainsi que pour le repérage des violences et la promotion de relations égalitaires. Ils doivent être davantage financés et promus.

  • Le soutien renforcé aux populations les plus éloignées de l’accès au droit

Nous souhaitons rappeler qu’un accès effectif aux droits et à la santé sexuelle et reproductive pour toutes et tous doit passer par une attention particulière aux personnes mises en situation de vulnérabilité. Accompagnement des femmes situation de précarité et seules avec enfants, des personnes trans et membres de la communauté LGBTQIA+, des personnes en situation de handicap, des travailleur.euse du sexe et des personnes en situation de prostitution, des femmes en situation de migration ou cherchant à accéder à des droits qui leurs sont refusés dans leur pays : c’est le cœur de métier du Planning depuis des décennies, et nous demandons d’être soutenues dans ces actions.

  • La défense de la liberté et de l’indépendance des associations

Le rôle et l’importance d’associations comme les nôtres ne sont plus à démontrer. Véritables actrices de la vie démocratique et promotrice de lien social au plus près des populations, nous constituons un pilier essentiel de notre société. Pourtant, il nous faut en permanence œuvrer à notre survie.

Nos actions ont besoin d’un soutien qui passe par des financements adéquats, pérennes et globaux, ainsi que d’une garantie de notre liberté effective. Jusqu’à présent nous n’avions nul besoin de signer un contrat dit “d’engagement républicain” pour bénéficier de la confiance des élu.es. 

Forte de ses 76 associations départementales, le réseau du Planning doit être écouté et soutenu.

Candidates, candidats, futur.es élu.es de proximité, serez-vous à l’écoute des membres de notre association féministe de terrain ? Vous emparerez-vous de nos revendications ?

 

Contacts Presse :

Sarah Durocher, co-présidente nationale : sarah.durocher@planning-familial.org / 07 49 01 84 14

Marianne Niosi, directrice exécutive : marianne.niosi@planning-familial.org / 07 68 04 48 95

 

[1] Espaces Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle, anciennement EICCF

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