De façon convergente, les données disponibles montrent la prédominance des IST chez les jeunes et l’augmentation récente et préoccupante de leur fréquence dans cette population. Ainsi, les jeunes âgé.e.s de 15 à 24 ans rendent compte d’environ 40% des IST (VIH, Syphilis, gonocoque, et chlamydia) rapportées en 2013-2014 en France. Les jeunes hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sont particulièrement exposés, au risque d’infection par le VIH ainsi qu’au risque de syphilis et de gonococcies ; les infections à chlamydia sont plus fréquentes chez les jeunes femmes.

Face à cette situation préoccupante, le CNS recommande de faire de la lutte contre les IST chez les jeunes une priorité des politiques publiques de promotion de la santé, notamment à travers la Stratégie nationale de santé sexuelle en cours d’élaboration. Le Conseil insiste sur le fait que cette politique ne peut réussir sans l’implication coordonnée de tous les acteurs concernés, à tous les niveaux et, en particulier, celui des relais régionaux (ARS et rectorats) : leurs missions de pilotage, de coordination et de financement de la lutte contre les IST chez les jeunes devraient être systématiquement inscrites dans les Programmes régionaux de santé et les Projets académiques, et mieux adaptées aux réalités territoriales.

Ces conditions sont indispensables pour rendre plus efficaces les actions à entreprendre localement, notamment dans les systèmes éducatif et de santé : au sein du système éducatif, le CNS propose d’améliorer les conditions actuelles d’enseignement de l’éducation à la sexualité, et d’affirmer le rôle de l’école et des professionnels de santé (médecins et infirmières scolaires) qui y travaillent, à l’égard des vaccinations des adolescents comme de l’accès aux préservatifs et aux dépistages ; dans le domaine de la santé, les jeunes doivent accéder plus facilement aux opérateurs publics(CeGIDD et CPEF) dont ils ignorent souvent les actions et les outils ; par ailleurs, l’activité des médecins généralistes dans ce domaine doit être mieux suscitée, puisqu’ils sont, en effet, un des acteurs privilégiés de la politique publique de lutte contre les IST chez les jeunes ; enfin, l’offre dématérialisée de prévention et de dépistage, dont l’auto-prélèvement pour le dépistage des IST, doit être développée ; au-delà de ces deux secteurs-clés, le CNS souligne l’importance de renforcer le rôle de différents dispositifs en direction des jeunes dans les domaines des addictions, des problèmes psycho-sociaux, des questions relatives à l’insertion socio-professionnelle, et de l’accompagnement des jeunes sous main de justice.

Ces dispositifs permettent d’atteindre des jeunes souvent exposés à un risque accru d’IST et représentent des opportunités de repérage et d’accompagnement vers des actions spécifiques de prévention ou de dépistage en coordination avec le système de soins. En outre, le CNS recommande que l’offre vaccinale contre les IST soit renforcée : rattrapage de la vaccination anti-VHB systématiquement proposée aux jeunes qui n’en ont pas bénéficié dans la petite enfance, renouvellement de la stratégie de promotion de la vaccination anti-HPV, en considérant son extension aux jeunes garçons.

Enfin, l’efficacité des actions décrites impose de porter une attention toute particulière à la formation des professionnels de santé et de l’éducation à la lutte contre les IST et à la santé sexuelle, notamment dans le cadre du développement professionnel continu, couvrant plus largement les domaines des sexualités des jeunes et des outils numériques qu’ils utilisent.

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