Le 1er janvier 2022, la France prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne pour six mois. Sur la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, un principe pourtant inscrit dans la charte des droits fondamentaux de l’UE depuis plus de vingt ans, l’Europe est encore divisée. Les droits à l’avortement, à l’autodétermination de genre ou à l’éducation à la sexualité sont des droits humains qui découlent de textes auxquels tous les pays de l’UE sont astreints. Malgré cela, dans plusieurs pays, les mouvements conservateurs, opposés aux droits civiques et politiques, aux droits des femmes, et des personnes LGBTQI +, convergent pour pousser un agenda rétrograde anti-démocratique, misogyne et contraire aux valeurs de l’Union européenne.

Alors que les mobilisations des féministes irlandaises et de leurs alliés ont conduit à l’abrogation de l’amendement qui interdisait l’avortement, les femmes polonaises sont, elles, en proie à une attaque sans précédent de leur droit à disposer de leur corps, qui était déjà très limité ; les Italiennes se battent contre les médecins “objecteurs de conscience” ; et la Hongrie institutionnalise les discriminations en raison de l’orientation sexuelle, interdisant toute représentation de l’homosexualité devant les personnes mineures. La présidence française sera-t-elle celle qui défend de manière inconditionnelle les droits sexuels de toutes et tous ?

L’enjeu est de faire valoir une certaine vision de la société

Sur de nombreux sujets, l’Union européenne a réussi à avancer collectivement. Les droits sexuels et reproductifs ne doivent pas faire exception. La France doit promouvoir leur inscription dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE ainsi que la ratification et la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul par l’Union européenne et ses États membres.

Les obstacles réglementaires liés aux prérogatives de l’Union européenne ne justifient pas l’inaction. Les droits sexuels et reproductifs ont de nombreux défenseurs au sein du Parlement européen, des États de l’UE, et des mouvements féministes. L’enjeu est de faire valoir une certaine vision de la société.

Le projet politique de l’UE doit être celui de sociétés qui respectent les droits sexuels de toutes et tous, de sociétés où l’éducation à la sexualité et au consentement est appliquée, et non pas de sociétés qui moralisent ou criminalisent nos sexualités et nos corps. Une présidence française de l’UE forte sur ces enjeux aurait une résonance mondiale.

La France, qui a accueilli le Forum Génération Égalité en juillet, pilote une coalition d’action internationale sur la liberté à disposer de son corps. La présidence française de l’UE doit être la prochaine étape majeure de cet engagement.

Monsieur le Président, les féministes de l’Europe vous regardent.»

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