À la suite de l’arrêté d’interdiction signé par le Maire de Grenoble Éric Piolle le 13 septembre 2017, pour un spectacle de Dieudonné prévu le 28 octobre au Summum, Monsieur Dieudonné a diffusé sur internet une vidéo de réponse. À la fin de cette vidéo apparait un extrait particulièrement violent et abject de ce spectacle. Il s’agit d’un sketch sur le viol, où l’on entend la voix d’une femme agressée dans le métro, et où le personnage de Dieudonné n’intervient pas. Le personnage n’a pas peur, il ne semble pas ou peu choqué de la situation : il ne souhaite tout simplement pas réagir. Ici, le viol semble n’être qu’une blague, et le malaise est amplifié par les rires des spectateurs. S’il ne devrait certes pas y avoir de sujet tabou en France, il y a des sujets sensibles. Le viol en fait partie et ce genre de sketch participe à la culture du viol qui gangrène notre société. Nous parlons ici de « culture » du viol car il s’agit d’un système de croyances et de pratiques. Les blagues en sont l’un des rouages. Ce sketch reprend et véhicule une définition implicite du viol qui veut que la victime soit consentante ou fautive d’avoir suscité l’agression. Sauf que le viol n’a rien à voir avec le désir ou le sexe mais tout à voir avec la domination et la destruction de l’autre.

Nos sociétés ont un problème avec le viol, crime dans les textes mais pas dans les esprits ni dans les faits. Aujourd’hui en France, seuls 10% des viols sont portés à la connaissance de la justice* et la majorité d’entre eux sont classés par les Parquets ou reclassifiés en agressions sexuelles. Or, nous savons qu’une femme sur six en a été victime dans sa vie mais que la loi du silence et les tabous sociétaux empêchent l’expression de ce crime. Seuls 1 % des violeurs sont condamnés** et plus de la moitié des victimes de viol sont mineures. Nous assistons là encore à une acceptation implicite des violences corporelles et sexuelles sur les enfants, preuve en est la décision du tribunal correctionnel de Pontoise de ne pas retenir la qualification de viol mais d’atteinte sexuelle d’une enfant de 11 ans par un homme de 28 ans. Sous prétexte qu’il n’y a eu ni violence, ni contrainte, ni menace et ni surprise de la part de la personne majeure, la fillette a été considérée comme « consentante ».

Mobilisons-nous pour faire en sorte que le viol et les agressions sexuelles soient réellement et massivement perçus comme une violence, sans équivoque ! 

Au sein du Planning Familial de l’Isère, nous dénonçons et combattons chaque jour toutes les violences, nous luttons contre toutes formes de discriminations et nous nous battons pour les droits des femmes. Le Planning Familial de l’Isère réaffirme donc, au côté du maire de Grenoble, sa lutte contre toute forme d’apologie de la haine, raciste, antisémite, homophobe, etc…

Contacts presse : Métilde Wendenbaum 04 76 87 89 24 - Céline Deslattes 

*Source : Véronique Le Goaziou, sociologue au CNRS, suite à des enquêtes de victimation.
**Source : « Avis pour une juste condamnation sociétale et judiciaire du viol et autres agressions sexuelles » rendu public par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) le 5 octobre 2016.

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