Bonsoir tout le monde, merci de vous être rassembléEs avec nous
Nous sommes FURI (Féministes Uni·es pour une Riposte Intersectionnelle), une union de plusieurs associations, collectifs et militantEs individuelles féministes à Nantes : Collages engagés, les Colleuxses de Nantes, le Collectif Enfantiste 44, DisQutons, Nosig, Nous Toutes 44, Paloma, le Planning Familial 44, TGNantes et Yemayaba.
Nous prenons ce temps pour exposer les positions de FURI avant de manifester, le discours est traduit en LSF. Nous souhaitons vous avertir que nous allons parler de violences et que cela peut être difficile pour certaines oreilles, n'hésitez pas à vous éloigner si vous en ressentez le besoin. Notre prise de parole sera suivie de celle de Kifah, de celle de Femme Vie Liberté et de celle d’Urgence Palestine.
INTRODUCTION
Cette année encore, nous sommes dans la rue.
Parce que les violences sexistes et sexuelles ne cessent pas. Elles frappent partout : dans les foyers, au travail, à l’école, dans la rue, dans les institutions. Et cette année, nous voulons mettre la lumière sur celleux qu’on entend encore trop peu.
Les personnes trans, non-binaires, racisées, handicapées, travailleureuses du sexe, exilées.
Celleux qui subissent des violences croisées, où le patriarcat s’entremêle au racisme, à la transphobie, au validisme et à la précarité.
Chez FURI, nous sommes majoritairement des femmes blanches cisgenres.
Nous savons que cela implique des privilèges et donc une responsabilité et le devoir d’utiliser nos voix pour relayer celles que l’on fait taire.
Aujourd’hui, nous prenons la parole non pas à la place de, mais avec nos adelphes. Parce que ces violences nous concernent toustes.
Parce qu’une lutte féministe n’a de sens que si elle est intersectionnelle.
VSS FAITES AUX FEMMES ET MINORITÉS DE GENRE / FÉMINICIDES
En 2025, 149 femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes, à la même date l’an dernier, on en comptait 122.
Ces chiffres ne viennent pas du gouvernement : ils viennent de l’IOF, l’Inter Orga Féminicides, qui recense, nom par nom, celles que l’État oublie.
Durant le 1er semestre 2025, 57% des féminicides identifiés par l'IOF ont été perpétrés par le compagnon ou ex-compagnon de la victime. Depuis le début de l'année, au moins 60 enfants sont devenu.es orphelin.es suite à un féminicide.
Ces meurtres ne sont pas des faits divers, mais l’aboutissement d’un système de domination.
Le féminicide est la pointe extrême d’un continuum de violences sexistes et sexuelles qui traverse notre société : insultes, contrôle, coups, viols, et donc parfois la mort.
Parmi ces victimes, certaines appartenaient à des minorités encore plus exposées : femmes handicapées, racisées, lesbiennes, âgées ou appartenant à une ou des minorités de genre, souvent invisibilisées dans les statistiques et les discours.
En 2025, ces violences ont encore des visages.
Inès, 25 ans, tuée à Poitiers par son ex-compagnon malgré cinq plaintes en six semaines et un téléphone grave danger activé.
Lætitia, 37 ans, femme handicapée, assassinée par son ex dans un foyer pour adultes handicapés en Gironde.
Caroline, directrice d’école dans le Cantal, poussée au suicide après des mois de harcèlement lesbophobe ignoré par sa hiérarchie.
Annie, 73 ans, tuée par son mari à Esternay : encore qualifié par la presse de “suicide altruiste”, alors qu’il s’agit d’un féminicide de femme âgée.
En avril 2025, à Colombes, une travailleuse du sexe de 38 ans a été tuée par l’un de ses clients. Un féminicide qui rappelle combien les travailleuses du sexe demeurent parmi les femmes oubliées.
Plus d’une femme handicapée sur deux (selon la DREES) a déjà subi des violences sexistes ou sexuelles.
55% des personnes LGBTQIA+ en France déclarent avoir été agressées au moins une fois au cours de leur vie en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre ; 68% d’entre elles ont adopté des stratégies d’évitement de ces agressions (selon la Fondation Jasmin Roy-Sophie Desmarais).
En France, près de la moitié des personnes trans ont subi des violences sexuelles (selon l'enquête Virage), et trois sur quatre ont été victimes de violences psychologiques : des chiffres qui témoignent d’une violence systémique et souvent ignorée.
Pendant ce temps, les associations de terrain : le Planning Familial, le CIDFF, les collectifs d’écoute ; voient leurs budgets coupés ou diminués. Moins de moyens, c’est moins de prévention, moins de protection, et donc plus de victimes.
Contre les féminicides, FURI féministe !
VSS ET ENFANTS
En France, un enfant se fait agresser toutes les 3 minutes. D'ici la fin de ces discours, 10 enfants auront été agressés sexuellement. L’une aura une main dans sa culotte, ou l’autre sera une ado exploitée par un réseau pédocriminel, ou encore un troisième léchera la chantilly sur le pénis de son père. En France, 81% des violences sexuelles commencent avant 18 ans, 52% avant 11 ans, 21% avant 6 ans... Le Dr Joël le Scouarnec, Bétharram, St-Stanislas… Il paraît que la parole des victimes se libèrent. C’est faux : les enfants ont toujours parlé. Mais qui les entend ? Qui les protège ?
Lorsqu’un.e enfant révèle les violences sexuelles qu’iel a subit à un-e professionnel-le, celui-ci ne fait rien dans 60% des cas. Si c’est la mère qui rapporte les gestes incestueux dénoncés par son enfant, elle se voit traitée d’hystérique, de manipulatrice. Au nom de la présomption d’innocence, la justice française autorise systématiquement les pères violeurs présumés à accueillir leurs enfants, parfois même en leur accordant la garde exclusive, coupant l’enfant de la mère protectrice ; le laissant à la merci de son bourreau.
Que dire de l’ordre des médecins qui condamne les professionnels ayant dénoncés les violences physiques ou sexuelles commises sur une personne mineure ou qui laisse le Dr Le Scouarnec exercer malgré une condamnation pour détention d’images pédopornographiques ?
Dans 3% des jugements pour pédocriminalité, la justice condamne. 3%, c’est peu, mais on tombe à 1% en cas d’inceste ! Et les services ne communiquent pas entre eux. C’est ainsi qu’à Oudon, M. Cottineau, malgré un signalement pour agression sexuelle sur une enfant dès son adolescence, a eu son agrément en tant que famille d’accueil, a organisé des viols collectifs avec actes de torture et de barbarie sur les enfants accueillis, dont une fillette lourdement handicapée, âgée de 4 ans au moment des faits.
160 000 enfants sont agressés sexuellement chaque année en France. Bétharram : 200 plaignants. Joël Le Scouarnec : 300 victimes. St-Stanislas : 110 plaignants. Où sont les 159 390 autres victimes ? Qui les croira ? Qui les protégera ?
Pour une réelle protection de nos enfants, FURI féministe !
VSS ET LE HARCÈLEMENT AU TRAVAIL
En 2025, on aurait aimé dire que le harcèlement sexuel au travail appartienne au passé. Que les blagues déplacées, les mains qui s’attardent, les regards insistants, les “tu devrais sourire un peu plus” aurait disparu
Mais non.
Le harcèlement sexuel au travail demeure une réalité trop souvent minimisée :
- 67% des femmes déclarent avoir déjà subi des comportements sexistes
- 41 % des femmes et 14% des hommes déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail
- 10% des personnes LGBT et 22% des personnes trans ont déjà vécu des actes de violences physiques ou sexuelles sur le lieu de travail
Le harcèlement sexuel n’est pas un “malentendu” ni une “maladresse”.
C’est une violence.
C’est une atteinte à l’intégrité physique et psychologique des personnes. Il s’exerce à travers des gestes, des paroles, des insinuations, mais aussi par des rapports de pouvoir qui placent les victimes dans une situation d’impuissance.
La peur de ne pas être crue, la crainte des représailles ou la pression hiérarchique enferme les victimes dans la peur, la honte, le silence, l’isolement et la dépression.
Le harcèlement sexiste et sexuel est structurel : il s’inscrit au cœur de notre société capitaliste et patriarcale. Le monde du travail n’y échappe pas, puisqu’il en reproduit les mécanismes de domination à travers les rapports de pouvoir entre supérieurs et subordonné·es.
C'est un système qui valorise la domination et place les harceleurs en haut et le silence des victimes en bas.
C'est un système qui participe à la précarisation des femmes, car ce sont elles qui sont les premières touchées par les violences au travail : les femmes racisées, les mères isolées, les travailleuses pauvres.
Nous avons des exemples partout : à Nantes, nous avons appris il y a quelques semaines que le directeur de "La folle journée", René Martin, est accusé de management toxique avec des faits de violences sexistes et sexuelles sur ses salarié·es, des humiliations et des expositions à des contenus pornographiques. Il a pu agir ainsi pendant des décennies parce que les victimes ont eu peur de parler, peur de perdre leur travail, peur de perdre leur salaire et peur de pas être crues.
Nous voulons des espaces de travail sûrs.
Nous voulons que chaque signalement soit entendu, que chaque agression soit sanctionnée et que chaque victime soit accompagnée.
Pour des droits solides, des salaires décents et des protections réelles, FURI féministe !
VSS FAITES AUX PERSONNES HANDICAPÉES
Nous demandons la protection de tous les enfants, quel que soit leur contexte de vie. En France, un enfant handicapé à trois fois plus de risque d’être violenté sexuellement avant ses 18 ans qu’un enfant valide. Pour une jeune fille avec une déficience intellectuelle, ce risque est multiplié par six.
Ces violences ont lieu partout : dans la famille, dans les foyers, et par des adultes censés les protéger.
Et une fois adultes, la violence continue. Selon une enquête de 2020, 16 % des femmes handicapées déclarent avoir subi un viol, deux fois plus qu'une femme valide. Et encore : ils sont massivement sous-estimés, car l’isolement, l’absence de relais spécialisés ou les difficultés d’expression rendent difficile la dénonciation.
L'absence de ressources financières, le handicap, multiplient le risque de se retrouver dans une situation d'emprise vis-à-vis de sa ou son conjoint, et augmentent le risque de violence et de viol conjugal.
Le gouvernement a lancé cette année, timidement, le programme EVARS pour enseigner le consentement à l’école. Mais quid des enfants handicapé·es qui sont souvent
exclus·es très tôt du milieu scolaire, et qui sont d'autant plus vulnérables face à ces violences ?
Comment protéger les adultes handicapé·es, quand leur accès à une sexualité autonome est nié, invisibilisé ?
Les professionnel·les du handicap le disent : iels entendent régulièrement des révélations de victimes, sans formation, sans outils, sans relais vers des structures adaptées. Et quand ces personnes vont porter plainte… comment imaginer l’accueil dans une institution qui remet déjà en question la parole des femmes valides ? Quand ces structures ne sont pas facilement accessibles ? Ou alors quand on est discrédité à cause d’un diagnostic psychiatrique ?
Nous demandons à l’État de prendre ses responsabilités envers les personnes handicapées ou vulnérables.
Nous demandons la revalorisation et la facilitation de l'accès à l'AAH, pour garantir l'autonomie financière des personnes handicapées, et empêcher des situations d'emprise. Nous demandons des programmes d'éducation à la vie affective et sexuelle réellement adaptés aux personnes handicapées, afin de faciliter leur accès à une autonomie sexuelle. Nous demandons demande à l'état de produire de la recherche et de la formation pour les professionnel·les sur le sujet des VSS chez les personnes handicapées.
Nous demandons des moyens pour le médico-social, la santé, la justice et l’éducation, avec une vraie coordination entre ces secteurs.
Pour l'application des revendications de la lutte anti-validiste : FURI féministe !
DROIT A L'AVORTEMENT / DROIT REPRODUCTIF/CONTRACEPTIF
Le 8 mars 2024, la France inscrivait la liberté de recourir à l’avortement dans la Constitution.
Pourtant, depuis 15 ans, environ 130 centres ont fermé et d'autres sont encore menacés de fermeture. Ces fermetures mettent en péril l'accès à la contraception et l'IVG, et d'autant plus pour les personnes déjà exclues du système de soin classique : les personnes précaires ou sans papiers, les personnes trans ou non binaires ; les mineur.es, qui se retournent vers les plannings, les personnes vivant en région rurale, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres d'un centre d'IVG.
L'état veut nous faire croire qu'il protège les salarié.es du médico-social des plannings familiaux en leur proposant la prime Ségur : pourtant, l'État n'a proposé aucun fond pour financer cette prime. Un exemple criant est celui du planning familial 35 dans lequel deux emplois sont menacés suite à cette annonce. Le Planning Familial 35 c’est 11 000 personnes accompagnées chaque année ; prévention, écoute, orientation, soin. C’est cela que l’État met aujourd’hui en péril.
Par ailleurs, nous dénonçons la complicité de la France dans la destruction de plusieurs millions de doses de contraceptifs. Cette destruction a été exigée par le gouvernement Trump et mise en application sur le territoire français sans que le gouvernement n’intervienne pour l’empêcher.
Dans le reste du monde, l’état des lieux est alarmant. Aujourd’hui, 40% des personnes en âge de procréer vit dans un pays où l’avortement est restreint ou interdit, ce qui entraîne de nombreuses morts suite à des avortements clandestins. On ne le dira jamais assez mais on avorte dans les mêmes proportions, que l’avortement soit légal ou non. La différence est le danger pour la santé : les IVG clandestines sont la troisième cause de mortalité maternelle dans le monde.
Quand on parle d’accès à l’avortement, on pense bien sûr à l’exemple frappant des États-Unis où l’on assiste à des situations dystopiques depuis l’annulation de l’arrêt Roe v Wade. Récemment, une États-Unienne de 28 ans est décédée alors qu’elle était enceinte de 9 semaines. Elle a été maintenue dans un coma artificiel pendant 4 mois pour que sa grossesse arrive à terme contre l’avis de sa famille.
Pour des droits contraceptifs universels pour toutes et tous, FURI féministe !
VSS ET TDS
Nous dénonçons également les violences faites aux travailleureuses du sexe à l’échelle nationale.
La loi de 2016 de pénalisation des clients n’a pas eu les effets attendus par le gouvernement. Même si les clients dans la rue sont moins nombreux, c’est surtout l’inversion du rapport de force dont nous sommes témoins. Les TDS sont plus précaires, se retrouvent contraint.es à accepter des négociations sur leurs tarifs et leurs pratiques du fait de la précarité. Nous notons une hausse des violences continue depuis maintenant 9 ans, mais l’état est toujours persuadé de l’efficacité de sa loi.
Les TDS qui exercent sur internet sont aussi la cible d’autres types de violences spécifiques à l’exercice du travail en ligne.
Aujourd’hui, nous tenons à mettre la lumière sur une toute autre partie des personnes, totalement invisibilisées jusqu’à présent. Il s’agit de personnes exilées, non régularisées, sans solution d’hébergement, qui se retrouvent à avoir des rapports sexuels avec des hommes uniquement pour ne pas dormir à la rue.
C’est la phase d’expérimentation des nouvelles pratiques du 115 par Bruno RETAILLEAU que nous dénonçons fermement. En effet, depuis cet été, le 115 a reçu comme nouvelle consigne de ne plus proposer d’hébergement d’urgence aux personnes étant en demande d’asile ainsi qu’aux personnes étant déboutées de leur procédure d’asile. Depuis le début de l’année, Paloma, association qui promeut la santé des personnes proposant des services sexuels tarifés, a rencontré plus de 60 personnes qui exercent cette forme de prostitution de survie, sur laquelle nous n’avons aucune prise et aucune solution à proposer. L’état se targue de vouloir mettre fin à la prostitution et de protéger les victimes alors qu’il est l’opérateur même de ces violences institutionnelles.
Nous demandons la décriminalisation de l’activité, l’abrogation des lois qui aujourd’hui, ont des conséquences délétères sur la santé et la sécurité des personnes.
Nous demandons une protection effective des victimes de traite et de proxénétisme, qui reposerait sur les témoignages des personnes et non sur l’arrestation d’éventuelles personnes dénoncées.
Nous demandons un hébergement d’urgence inconditionnel pour toutes les personnes qui en ont le besoin, peu importe la situation administrative dans laquelle elles sont.
En soutien à toustes les TDS du monde entier, FURI féministe !
VSS ET RACISME
Les personnes racisées sont moins visibilisées que les personnes blanches dans les combats contre les VSS : nos prises de paroles aujourd'hui en sont un exemple. A qui la faute ? Ne serait-il pas temps, dans nos groupes militants à majorité blanche, de se mettre au travail sur nos propres biais et comportements racistes ?
Nous effaçons systématiquement ce que nous devons aux féministes noires : c'est l'autrice Tarana Burke, qui a inventé le hashtag #MeToo en 2006. C'est l'universitaire Kimberlé Williams Crenshaw qui a théorisé le concept d'intersectionnalité, dont nous nous revendiquons toustes aujourd'hui. Leurs rôles ont été effacés, à l'image du traitement que notre société fait systématiquement aux femmes racisées : noires, arabes, asiatiques...
Le racisme majore les dégâts causés par les violences sexistes et sexuelles. Les personnes racisées sont essentialisées à travers le regard que nous, personnes blanches, portons sur leur origine réelle ou supposée. Les personnes sexisées racisées subissent d'abord des stéréotypes qui les rendraient "moins victimes" que d'autres : elles sont davantage sexualisées dès le plus jeune âge, elles sont exotisées, perçues comme "provocatrices". Elles sont aussi considérées comme moins sensibles à la douleur... Leur violence supposée, par exemple avec le préjugé de la "angry black woman" (femme noire en colère) efface leur parole.
Cela provoque une autocensure des personnes elles-mêmes quand il s'agit de signaler les violences. C'est un aveuglement de notre société.
Nous vivons dans un pays où l'extrême droite et ses idées racistes gagnent du terrain, où les politiques d'immigration ne font que se durcir depuis des décennies.
Début novembre, des jeunes filles portant le voile ont visité l'Assemblée nationale : s'en est suivi une polémique comme la France en connaît régulièrement quand il s'agit de l'islam. Un rapport du Collectif contre l'islamophobie en France avait révélé que 81,5 % des actes et des discours islamophobes sont commis contre les femmes. Les musulmanes, et plus particulièrement celles qui portent le voile, comptent pour près de 100 % des victimes des violences physiques islamophobes.
Sur un autre terrain, l'association Isonomia nous a rappelé que ces jours-ci à Nantes, des femmes et leurs enfants dorment dans la rue. Ces dernières semaines, l'une d'elles, sortie du CHU avec son bébé de dix jours, a dormi dehors après cinq nuits passées dans un dispositif d'urgence. Ces femmes sont noires, exilées, mères et victimes de la misogynoire, le terme désigné pour parler de l'oppression croisée de la négrophobie et du sexisme. Ces femmes vivent dans un monde où la violence devient la norme. Isonomia le dénonce : "Nos frontières racistes étendent leurs barbelés jusque dans les maternités".
Nous nous insurgeons contre ce climat de violences fascistes dirigées contre nos adelphes racisé·es. Nous nous insurgeons contre le système politique entier qui les détruit.
Pour toustes nos adelphes racisé·es et violenté·es : FURI féministe !
VSS EN PAYS EN GUERRE / GÉNOCIDE
Les pays en guerre sont le lieu de crimes de guerre visant spécialement les femmes et les enfants.
Les femmes et les enfants sont violés, marié.es de force, victimes d’enlèvement et d’esclavages. Le nombre de victimes est énorme, sans que jamais les médias et journalistes français des grandes chaînes de télé et de radio n’en font la une de leurs émissions.
Le viol comme tactique de guerre est une pratique connue depuis longtemps. Comment couper court au développement d’un pays ? En détruisant brutalement les appareils génitaux des femmes et leur santé psychologique, baissant ainsi la fécondité du pays. Le viol est une arme de réduction démographique.
Au Congo, plus 123 0000 femmes ont été violées au Congo en 2023, soit une toutes les 4 minutes. 30 à 40 % d’entre elles étaient des enfants.
Comment ne pas penser aux comportements des soldats israëliens face aux femmes palestiniennes ? Aux moqueries, insultes et agressions à répétition ?
Ces chiffres et ces mots sont très durs à entendre. Nous préférions tous et toutes fermer les yeux et n’avoir jamais entendu ces atrocités. Imaginez les vivre.
Participez aux manifestations, donner de l’argent à des cagnottes, signez des pétitions, écrivez aux hommes et femmes politiques pour leur demander d’agir sur le sujet.
À notre échelle, nous pouvons agir.
Pour l’arrêt de ces crimes de guerre, FURI féministe !
VSS et LGBPTPHOBIE
Nantes et la région, comme partout ailleurs, voit la violence lgbtphobe se multiplier.
Nos sœurs trans se font frapper et placer en garde à vue sans raison.
Nos adelphes lesbiennes et bies sont sans cesse invisibilisés et seules, comme en témoigne le terrible suicide de l’institutrice Caroline Grandjean-Paccoud en Auvergne cet été.
Nos adelphes gays se font frapper suite à des pièges sur des sites de rencontre.
Nos adelphes queers arrivé.es à Nantes manquent cruellement d’accompagnement et de moyens pour obtenir leur statut de réfugié.es.
Depuis plusieurs mois, les attaques se font de plus en plus nombreuses et qu’avons-nous comme soutien ?
La police ?
La police nationale de Loire-Atlantique a lancé un appel à la prudence sur ces réseaux et sites. Nous remercions la police pour cet aimable appel mais nous lui rappelons notre manque totale de confiance envers son institution et ses membres. Plus de 80 cas de refus de plainte, de violences ou d’inaction ont été recensés par SOS Homophobie en 2024.
L’État ?
Il ne donne aucune priorité dans les agendas politiques aux questions LGBTQIA+.
Nous savons qu’au moindre passage aux présidentiels de l’extrême droite, nous serons visé.es automatiquement. L’accès à la PMA a été autorisé aux couples de femmes, et aux femmes seules. Mais saviez-vous que, par manque de communication auprès des hommes cis het de ce pays, seulement 600 dons de sperme ont été fait en 2023 ? Pour plus de 10 000 femmes en attente.
Vous ?
Il paraît toujours évident à chacun.e d'entre vous que vous n’êtes pas homophobes, pas lesbophobes, pas biphobes, transphobes, ou intersexophobes. Pourtant nous passons notre temps à vous éduquer sur tout, à vous reprendre sur vos mots, vos gestes, vos insultes, vos remarques et vos blagues.
Le monde qui se déplace à la Pride n’est jamais présent lorsqu’il faut soutenir, manifester ou pleurer avec nous. Vous faut-il des preuves de nos gueules cassées, de gardes à vue injustes, d’abandons de nos parents et ami.es pour vous émouvoir ?
Au sein même de la communauté, que faites vous ? Prenez le temps de réfléchir à votre positionnement face à nos adelphes lesbiennes, à nos adelphes trans, à nos adelphes bi et pan que nous oublions constamment et qui sont les plus victimes d’un mal-être et d’un tabou constant.
Nous ne serons jamais libres comme vous à moins que vous n’y participiez.
Pour un vrai élan de solidarité avec la communauté LGBTQIA+, FURI féministe !
VSS ET VIOLENCES (INTRA COMMUNAUTAIRES) ENVERS LES PERSONNES TRANS
Il y a des vérités qui sont dures à faire accepter, en voici une : être une femme (cis ou trans), une personne non-binaire ne nous empêche pas magiquement de commettre des VSS. Nous ne sommes pas par essence pures et inoffensives. Je ne compte plus le nombre de mes sœurs qui ont subi la fétichisation, l'aliénation ou la violence provenant d'autres personnes que des hommes cis-hétéro. Être un homme ne rends personne par essence un agresseur, c'est notamment la position de pouvoir dans laquelle ils sont mis qui fait d'eux des agresseurs. Je ne compte plus le nombre de mes frères et de mes adelphes transmasc qui ont été exclus des cercles féministes, avilisés parce qu'iels auraient rejoint le soit disant "camp des oppresseurs".
Lorsque nous demandons justice pour les violences subies la réponse est souvent la même ; l'exclusion de notre sœur trans ayant subi des violences au profit de son agresseuse. Parce qu'il est impensable pour des féministes qu'elles puissent commettre des VSS, et qu'il est bénéfique au système sexiste de nous maintenir à notre place de sous-femmes. Ces sujets sont abordés depuis longtemps dans les luttes transféministes, anti-racistes et lesbiennes.
Aussi, exclure une personne déjà marginalisée de nos cercles revient à une condamnation bien plus grave que l'on ne l’imagine. Les rôles de nos communautés sont multiples et indispensables : lutte contre la précarité, contre l'isolement, accès aux moyens de transition …
Tout cela est d'autant plus vrai à l’heure où la Haute autorité de santé exclue encore les mineures trans de ses recommandations, à l'heure où nos sœurs trans sont enfermées dans des prisons pour hommes où elles sont systématiquement mises à l'isolement et violentées, à l'heure où les lois racistes prolifèrent, que des génocides ont lieu impunément et que des femmes fascistes organisent des manifestations ici à Nantes !
Il est de notre devoir de combattre la justice punitive et le carcéralisme sexiste, transphobe et surtout raciste pour proposer mieux à nos communautés. Nous croyons en une justice transformatrice qui permettra la guérison des victimes ET la réhabilitation des agresseur·euses.
À mes sœurs et à mes adelphes trans pour lesquel·les les communautés queer et féministes n'ont pas été un lieu d’épanouissement mais un traumatisme comme certains et certaines en ont déjà trop subi. A nous maintenant de prendre nos responsabilités et de faire en sorte que ces espaces ne soient violents qu'envers les systèmes qui nous malmènent.
Pour des communautés qui réparent et qui protègent, FURI féministe !
CONCLUSION
Nos luttes ne s’arrêtent pas à cette marche.
Elles continueront tant que la peur, la honte et la précarité seront notre quotidien.
On veut des droits réels, des moyens pour les associations, une justice qui protège et qui écoute.
On veut la fin du mépris, de l’hypocrisie, de la hiérarchie entre les victimes.
Nos colères sont légitimes, nos voix sont politiques.
Nous ne serons pas réduits au silence mais uni.es dans nos causes.
Tant qu’il y aura des violences envers les femmes, les minorités de genre et les autres maltraités par ce système, il y aura des furieux.ses.
Furie féministe, partout, tout le temps !
Nous sommes FURI (Féministes Uni·es pour une Riposte Intersectionnelle), une union de plusieurs associations, collectifs et militant·es individuelles féministes à Nantes.
Nous sommes : Nous Toutes 44, Nosig, Paloma, le Planning Familial 44, les Colleuxses de Nantes, Collages engagés, DisQutons, le Collectif Enfantiste 44 TGNantes et Yemayaba.