Dans la nuit du 11 au 12 mai 1998, un commando d’extrême droite s’attaque aux locaux de l’association dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne. Tous les outils de travail sont détruits, le centre de documentation et le cabinet médical sont saccagés, entraînant une interruption d’une semaine d’accueil du public. L’équipe évalue les dégâts à plus de 200 000 francs et décide de lancer une pétition, un appel à dons et une manifestation. “Cette attaque [....] n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein” déclarent-elles, car les attaques des opposants à l’avortement et à la contraception se multiplient depuis les années 1990. En effet, la décennie est marquée par des attaques répétées des commandos anti-IVG. La ville de Lyon connaît par ailleurs depuis plusieurs mois par un regain d’activités des groupuscules d’extrême-droite. Plusieurs locaux ont été dégradés : le CCO (Centre Culturel Œcuménique) de Villeurbanne, la librairie La Plume Noire (incendiée), le local du syndicat étudiant UNEF-ID. Dans la pétition, les militantes du Planning 69 dénoncent également la progression de l’antiféminisme favorisée par “des alliances entre la droite traditionnelle et le FN au conseil régional”. Le Planning Familial porte plainte contre X, et demande qu’une véritable enquête soit menée pour faire la lumière sur cette affaire comme sur les autres attaques : « Nous refusons de laisser passer cet acte sous la rubrique “fait divers”, “violence et insécurité” […] Cette violence doit être qualifiée pour ce qu’elle est : une violence politique visant à paralyser le fonctionnement de l’association ». Une soirée de soutien et une manifestation appuyées par tout un collectif de partenaires locaux sont organisées.
Le Planning revendique également des financements supplémentaires, dans la perspective d’embaucher une conseillère conjugale et de pouvoir poursuivre les actions menées dans les établissements scolaires et les interventions extérieures. En effet le Planning 69 fait face à l’augmentation du nombre de femmes accueillies qui est passé de 9000 en 1997 à 10 000 en 1998, alors même que la subvention de la ville de Lyon a été supprimée et que le Conseil Régional “propose de déshabiller Pierre pour habiller Paul” (Le Progrès, 10 juin 1998).
Le 15 janvier 1999, l’affaire du saccage sera malheureusement classée sans suite par la justice.

Si le Planning Familial 69 n'a pas connu d’attaques d'une telle ampleur depuis 1998, il est, ainsi que d'autres centres du MFPF, régulièrement attaqués par des opposants-e-s au droit à l'avortement dans les discours publics et dans les médias. Récemment, des autocollants anti-avortement utilisant les codes graphiques du Planning ont été retrouvés dans plusieurs centres du Planning Familial (Paris, Nantes,...) au printemps et été 2021.
Depuis plusieurs années, la ville de Lyon est au cœur d’un renouveau des groupuscules d’extrême-droite : saccage de locaux, attaques de manifestations, agressions racistes… et toujours un discours de déni de la préfecture !
Le Planning Familial 69 fait partie des collectifs qui luttent contre l’extrême-droite à Lyon. Pour un résumé des derniers événements voir par exemple sur le blog Super Féministe.

Document issu des archives :

« Contre les menaces fascistes, c’est toutes et tous ensemble qu’il faut réagir ! », tract d’appel à manifestation suite au saccage des locaux. 1998


 
Pour aller plus loin :

« Le planning familial persiste et signe », Article du Progrès du 10 juin 1998, à consulter en ligne.

Mouvement français pour le planning familial « 20. Le MFPF face aux partisans d’un retour à l’ordre moral », Mouvement français pour le planning familial éd., Liberté, sexualités, féminisme. 50 ans de combat du Planning pour les droits des femmes. La Découverte, 2006, pp. 251-260.

Pavard, Bibia, Florence Rochefort, et Michelle Zancarini-Fournel. « Chapitre XIII. Encore féministes au XXIe siècle », Ne nous libérez pas, on s'en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, sous la direction de Pavard Bibia, Rochefort Florence, Zancarini-Fournel Michelle. La Découverte, 2020, pp. 387-485.

Thébaud, Françoise. « 45. Le privé est politique. Féminismes des années 1970  », Michel Pigenet éd., Histoire des mouvements sociaux en France. De 1814 à nos jours. La Découverte, 2014, pp. 509-520.


Chevarin Alain, Lyon et ses extrêmes-droites, Editions de la lanterne, 2020

 

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