Le Planning Familial 69 participait à la manifestation organisée par le Collectif Droits des femmes 69 contre les violences sexistes et sexuelles le 25 novembre 2023 à Lyon.

Voici la prise de parole du Collectif :

 

Nous sommes le 25 novembre 2023. En cette journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, comme chaque année, nous dressons le bilan de l'année écoulée. Comme chaque année, il est terrible pour les femmes, les filles, les minorités de genre qui subissent encore et toujours des violences sexistes et sexuelles systémiques.

 

147. C'est le nombre de femmes tuées en France en 2022 en raison de leur genre.
Un mois avant cette manifestation nous en étions déjà à 101 femmes tuées pour la seule année 2023, le plus souvent par leurs conjoints ou leurs ex conjoints. Combien seront-elles d'ici la fin d'année, de femmes tuées ? Combien de familles passeront des fêtes de fin d'années endeuillées ? Combien d'enfants seront encore traumatisés par les coups reçus et la mort de leur mère ?  Combien d'autres enfants orphelins, de parents dont l'enfant, la fille, sera morte trop tôt ?


213 000. C'est en moyenne, chaque année le nombre de femmes victimes de violences physiques et sexuelles de la part de leurs conjoints ou de leur ex conjoint.
94 000. C'est le nombre de femmes qui déclarent avoir été victimes de viols ou d'agressions sexuelles par an, en moyenne, en France.
1205. C'est le nombre de condamnations pour viol prononcées par la Justice française en 2022


+104 %. C'est l'augmentation du nombre d'agressions envers les lesbiennes, les gays, les personnes bi, les personnes trans et non-binaires, les personnes intersexes, les personnes queers... entre 2016 et 2021.


2 à 3 enfants par classe. C'est le nombre d'enfants victimes d'incestes en France.


Entre 1200 et 2000. C'est le nombre par mois en France de viols sur mineurs qui sont enregistrés par les services de police et de gendarmerie, dont 80% sont commis sur des filles. Et ces chiffres ne sont que les plaintes enregistrées, alors que nous savons que les 3/4 des personnes victimes de VSS dans leur enfance ne portent pas plainte.  

 

Ces chiffres sont autant de vies brisées.
Ces chiffres sont autant de nos adelphes, de nos soeurs, de nos compagnes, de nos camarades qui luttent pour se réparer après toutes ces souffrances et traumatismes.
Ces chiffres sont autant de cris de révolte que nous poussons toutes et tous ensemble.

 

Où sont les financements, alors que les associations de prévention et d'accompagnement croulent sous les demandes ?
Un rapport de la Fondation des Femmes montre que si l'on rapporte les budgets alloués aux nombre de femmes qui cherchent un accompagnement, le budget 2024 marque une baisse de 26%  concernant la lutte contre les violences !

Où sont les allié-e-s alors que 85% des personnes trans déclarent avoir subi des violences transphobes ?

Où est l'accessibilité, quand 80% des femmes handicapées ont subi des violences sexuelles ?

Où sont les élu-e-s, alors que continuent de siéger dans des instances publiques des représentants accusés de violences ?

Où sont les pouvoirs publics quand ces chiffres sont connus depuis de nombreuses années ?

Faire acte de contrition le 25 novembre ou le 8 mars ne suffit plus. Nous n'avons que faire d'être la grande cause de vos mandats puisqu'il ne se passe rien ou si peu. Nous voulons des actes.
Où sont les entreprises alors que les inégalités salariales et les inégalités de carrière légitiment les violences sexistes et sexuelles ?
Où sont nos fameux "cadres dirigeants", avec leur salaire en dizaine de milliers d'euros, quand il s'agit de former à la lutte contre les violences et/ou d'accompagner des victimes ?
Où est l'éducation nationale, alors que les violences s'apprennent et se diffusent aussi à l'école ? L'interdiction des abayas et des crops tops ne permettent pas de lutter contre les violences sexistes et sexuelles, bien au contraire elle les légitime.
Où sont les cadres des services de santé, alors que les fermetures de lits, les pénuries de personnels, l'absence de formations démultiplient les violences gynécologiques, obstétricales, validistes, hétérosexistes ?
Où sont la police et la justice ?
Où sont elles quand les dépôts de plainte ne suffisent pas à éloigner les auteurs de violence ? Où sont elles pour faire en sorte que les victimes se sentent en capacité de pousser la porte des commissariats si tel est leur choix ? Occupées par la répression des mouvements sociaux, occupées à frapper ou à tuer la jeunesse des quartiers populaires, occupées à la protection des plus puissants, les forces de l'ordre n'ont jamais aussi bien porté leur nom : celles qui maintiennent l'ordre du patriarcat.

 

Nous en avons assez. Nous sommes en colère.
En colère contre le patriarcat.
En colère contre l'extrême-droite qui instrumentalise les violences pour légitimer son racisme, son islamophobie et sa xénophobie.
Les violences existent et détruisent des vies dans tous les milieux dans toutes les cultures.
Aujourd'hui nous ne pouvons qu'exprimer notre solidarité avec les Palestinien-ne-s, les Afgha-nes, les Ouïghours et les Ukrainien-ne-s, et avec toutes les victimes des guerres dans le monde. Nous n'oublions pas nos soeurs et adelphes iraniennes qui depuis plus d'un an se battent pour leur liberté.

Aussi, c'est unies, tous et toutes ensembles, que nous réclamons ici et maintenant :
    
   - Un accueil et un accompagnement dignes, sécurisés et facilités pour toutes les personnes victimes de violences intrafamiliales, avec un renforcement du nombre et des budgets pour les structures d'accueil
    - Un accueil et un accompagnement dignes, sécurisés et facilités pour toutes les personnes qui fuient des dictatures où la liberté de choix n'existe ni pour les femmes ni pour les minorités de genre
   - Des moyens pérennes pour la prévention des violences, et non des discours creux, et pour que soit enfin appliquée la loi de 2001 sur les interventions en milieu scolaire pour l'éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle
    - Des moyens pour une politique culturelle et éducative antisexiste ambitieuse.
    - Des moyens pour la santé mentale et la reconstruction, avec une réelle prise en charge des psychotraumatismes par notre système de santé
    - La formation de toustes les professionnel-le-s de santé au consentement et à la prise en compte de la diversité des corps et des identités
    - La formation de toustes les professionnel-le-s de l'éducation et de l'enfance à la détection et à la prise en charge de la parole des victimes
   - La formation des toustes les professionnel-le-s de la police et de la justice pour que cessent l'humiliation systématique des victimes et l'impunité des auteurs
    - L'inscription du droit à la contraception et à l'IVG dans notre constitution, pour que cela devienne un droit inaliénable.   
    - L'arrêt des crimes de guerre en Palestine et en Israël, une véritable diplomatie féministe qui appelle au cessez-le-feu
    
    Un autre monde est possible toutes et tous ensemble. Pour nos sœurs assassinées, meurtries, violées, ni oubli ni impunité !
    
   Nous sommes les petites filles des sorcières que vous n'avez pas pu brûler, alors il est temps de crier notre colère !  A bas, à bas le patriarcat !!!

 

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