Les associations féministes tirent la sonnette d’alarme : sur les réseaux sociaux, nos contenus disparaissent des fils d’actualité, étouffés par des algorithmes opaques, et nos combats sont relégués au rang de « sujets sensibles » indésirables par META.
 
Il y a quelques mois, META – multinationale américaine propriétaire des plateformes Facebook et Instagram – a modifié sa politique et a décidé de bloquer toutes les publicités sur les « enjeux sociaux », catégorie dans laquelle les droits des femmes ont été arbitrairement rangés. 
Ce choix idéologique de META [qui, dans un communiqué, dit agir « en réponse à la nouvelle réglementation européenne », NDLR] nous condamne au silence, invisibilise nos luttes et les causes que nous défendons. Il constitue une atteinte directe à la liberté d’expression des femmes et des minorités.

Nos réseaux sociaux sont nos porte-voix, ceux d’une parole féministe, progressiste, et inclusive. Depuis leur émergence il y a plus d’une vingtaine d’années, ils ont constitué une véritable opportunité pour nos associations féministes qui n’avaient pas accès aux médias traditionnels. Facebook, Twitter (devenu X), Instagram sont entrés dans la vie quotidienne des français et des citoyens du monde, bouleversant les usages de consultation des informations. 

Nos associations se sont saisies de ces nouveaux outils, ont produit du contenu, déployé des campagnes d’information sur des sujets qui n’intéressaient pas la télévision ou la presse écrite. Elles ont pu rendre visibles des combats, comme ceux menés contre les violences faites aux femmes, les difficultés d’accès à l’avortement ou les discriminations LGBT-phobes. 
En 2017, avec l’éclatement du mouvement #MeToo, les réseaux sociaux ont aussi permis de faire entendre la réalité des violences sexistes et sexuelles, et que les femmes victimes de violences du monde entier se rendent compte qu’elles ne sont pas seules.

Et aujourd’hui, META veut nous faire taire. 
Ses algorithmes, déjà peu enclins à promouvoir les contenus politiques, ciblent désormais [depuis le début du mois d’octobre] spécifiquement les messages féministes. Des comptes sont « shadow bannés » (invisibilisés sans avertissement), des publications effacées des fils d’actualité, et des mots-clés féministes sont systématiquement pénalisés. Pire, cette censure algorithmique s’ajoute à une recrudescence des signalements abusifs, souvent orchestrés par des mouvements conservateurs anti-choix, anti-droits et masculinistes, dans un contexte de hausse des cyberviolences et notamment du harcèlement en ligne à l’encontre des féministes qui prennent la parole publiquement. 

Il faut le dire : le manque ou l’absence de régulation des contenus haineux envers nos associations et les militantes et l’invisibilisation croissante des contenus progressistes constituent une inversion des valeurs historique dans les médias grand public.

Invisibiliser les contenus féministes est une atteinte grave à la démocratie. C’est priver la société d’un débat essentiel, c’est laisser le champ libre aux discours de haine, aux stéréotypes sexistes, et aux reculs des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Les réseaux sociaux, en tant qu’acteurs majeurs de l’espace public numérique, ont une responsabilité : garantir la pluralité des voix, pas les museler ; ils ne sont pas des espaces neutres : leurs algorithmes peuvent reproduire et amplifier les inégalités. 

Nous exigeons la transparence, la fin des biais algorithmiques et la protection des voix féministes. 
Nous exigeons la régulation des contenus haineux. Les réseaux sociaux ne nous feront pas taire, nous continuerons à faire entendre nos analyses et nos combats, à dénoncer les violences et à défendre nos droits, sur ces plateformes comme ailleurs.

Notre parole féministe est nécessaire. Notre parole doit continuer à résonner et à s’amplifier. 

 

A L'INITIATIVE DE

  • le Planning familial
  • la Fédération nationale des Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (FNCIDFF)
  • la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF)
  • Femmes solidaires

SIGNATAIRES

  • Amnesty International
  • Batik International
  • Collectif intersexe activiste - OII France
  • Equipop
  • Fédération GAMS
  • Féministes contre le Cyberharcèlement
  • Fondation des Femmes
  • Institut du Genre en Géopolitique
  • « la Déferlante » (revue)
  • « Merci Simone » (podcast)
  • Sidaction
  • StopFisha
  • VoxPublic
  • NousToutes 

 

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