Après avoir été déclarés inefficaces au début de la crise Covid, les masques deviennent un enjeu central du déconfinement. Enjeu de santé publique tout d’abord, puisqu’ils sont avec les gestes barrières une des conditions de la maîtrise de l’épidémie, enjeu économique aussi. Alors que le port du masque sera recommandé dans certaines situations, obligatoire dans d’autres notamment dans les transports en commun, quid de l’accès pour tous ? Il est indispensable que les recommandations et les injonctions s’accompagnent des conditions favorables de leur mise en œuvre. C’est un principe essentiel de la promotion de la santé ! Certes, aujourd’hui certaines collectivités territoriales se sont organisées pour assurer la distribution, la société civile prend largement sa part pour produire artisanalement des masques et les distribuer. Mais cela ne suffira pas ! Nous ne pouvons laisser s’installer de nouvelles inégalités. Encourager une population à adopter des comportements préventifs n’a aucun sens si elle n’y adhère pas faute d’en comprendre l’utilité et le sens, si elle ne participe pas à l’élaboration des solutions et si les moyens nécessaires ne sont pas mis à sa disposition. 

Il est impensable d’imaginer sanctionner l’absence de masque dans un contexte où l’accès pour tous ne sera pas garanti. Alors que des familles, des personnes fragiles subissent déjà de plein fouet l’impact économique de la crise, on leur demanderait en plus de tous les efforts déjà fournis de consacrer une part non négligeable de leur budget à l’achat de masques ? Même plafonné à 0,95 centime d’euro pour un masque à usage unique cela ne sera pas supportable. L’UFC Que choisir a évalué à 200 euros mensuels le budget d’une famille de 4 personnes pour des masques chirurgicaux à 60 centimes pièce. De plus, cette mesure ne concerne pas pour l’instant tous les masques et le marché reprend ses droits en l’absence d’une régulation sur l’ensemble des produits disponibles.

Il est impensable qu’une part de la population ne puisse se protéger puis être désignée ensuite comme responsable d’un rebond de l’épidémie. On ne peut aujourd’hui renvoyer à la responsabilité individuelle le fait de se procurer un masque. Développer le « fabrication maison » n’est pas une réponse qui peut convenir à tous si elle n’est pas soutenue partout par un accompagnement solidaire. Fabriquer son masque implique d’avoir les capacités économiques de se procurer le matériel, d’accéder aux informations pour choisir le patron répondant aux normes AFNOR, d’avoir les compétences de le déchiffrer, puis de le réaliser. 

Il est impensable que nous professionnels de santé, associations, mouvements citoyens…laissions s’installer un nouveau fossé entre les plus fragiles et les autres. Chacun doit être protégé quelle que soit sa situation, son état de santé, son âge.

Nous demandons expressément un accès gratuit et universel aux masques ! 

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